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Guebwiller pendant l’Annexion

En juillet 1940, l’Alsace-Moselle redevient terre allemande en violation de l’Armistice signé le 22 juin 1940, entre la France et le 3^ème Reich. Guebwiller comme l’ensemble des communes alsaciennes et mosellanes entre dans une période de terreur.

Hôtel de ville flanqué du drapeau nazi. © AMG
L’église Saint-Léger pavoisée de la croix gammée. © AMG

Le Gauleiter Robert Wagner (chef de l’administration civile en Alsace) est chargé de transformer les Alsaciens en citoyens allemands à part entière. L’administration est confiée à des Allemands ou à des autonomistes alsaciens.

**Alexander Krämer (1911-1991)**
**le chef du Parti nazi**
Docteur en médecine, militant autonomiste alsacien, membre de la *Jungmannschaft*, il occupe le poste de *Kreisleiter* (chef de district) à partir de 1940. Il dirige le Parti nazi et exécute les ordres du *Gauleiter* au niveau de l’arrondissement de Guebwiller.
© AMG *Mulhauser Tagblatt 05-10-1941*

**Extrait du Livre d’or ouvert sous l’Annexion**
« A l’occasion du premier anniversaire du retour définitif de l’Alsace dans la patrie de la Grande Allemagne, la ville de Guebwiller a créé ce livre d’or sous la direction du maire Josef Jeggi. Depuis le 1er septembre 1939, le peuple allemand défend sa liberté et son espace vital en luttant contre le monde judéo-ploutocratique.
Ce livre, créé avec solennité, doit consigner, pour les enfants et les petits-enfants, les noms des hôtes qui sont venus à Guebwiller pour des visites importantes. Guebwiller en Alsace, le 18 juin 1941 (signatures des membres du conseil municipal). »
© *AMG*

**Ahnenpass**
Le passeport ancestral permet de prouver la descendance aryenne d’une personne depuis les grands-parents. C’est une pièce d’identité obligatoire en Alsace à partir de 1941. © AMG

Le monument érigé en 1922 en l’honneur de David Bloch, fusillé par les allemands en 1916, a été détruit en 1940 par les nazis.
© AMG

L’hôtel de l’Ange accueille *l’Ortskommandantur* (unité de commandement militaire de l’armée allemande au niveau de la commune).
© *AMG*

Le *Stadtkommissar* Joseph Jeggi entouré de policiers. L’allemand Joseph Jeggi est nommé *Stadtkommissar* en juin 1940. Il est chargé de l’administration civile de la ville sous les ordres du *Landkommissar* (commissaire de district) Erwin Trippel et du Parti nazi. Alfred Kirn, natif de Sierentz, lui succède en août 1942.
© *AMG*

Près de 578 indésirables Guebwillerois sont expulsés parce que francophiles, juifs ou communistes. L’allemand devient la langue exclusive. Dès le 4 juillet le français est proscrit. Toutes traces du français disparaissent des enseignes, des formulaires administratifs, des journaux. Les noms de rues, les patronymes et prénoms à consonance française sont germanisés.

Guebwiller devient Gebweiler.

Extrait du tableau de concordance des dénominations de rues adoptées en 1940.
Dans le cadre de la germanisation, 33 rues, places et cités sont rebaptisées aux noms de responsables nazis et d’hommes célèbres allemands comme Beethoven notamment. Les autres rues retrouvent leur dénomination de la période de 1871 à 1918.
© *Collection privée Franck Munsch*

Carte d’identité sous le 3^ème *Reich.*
©*Collection privée Franck Munsch*

Les monuments à la gloire de célébrités françaises sont enlevés. Ainsi le monument érigé en l’honneur de David Bloch (promenade Déroulède) est démoli comme le monument du cimetière militaire avec la flamme du souvenir. Le monument aux morts est enlevé. Les plaques commémoratives apposées sur les maisons natales de Théodore Deck et des frères Weckerlin subissent le même sort. L’ordonnance du Gauleiter du 13 décembre 1941 interdit le port du béret en Alsace. Les couleurs tricolores disparaissent.

Affiche anti français de 1941 : *Hinaus mit dem welchen* *Plunder* (Dehors le fatras français), illustrant la politique de nazification mise en place par le *Gauleiter* Wagner.
© *Musée Théodore Deck et des pays du Florival*

Vues générales de Buhl, Guebwiller et Soultz durant la seconde guerre mondiale.

A partir du 10 octobre 1941, les communes de Buhl et Soultz fusionnent avec Guebwiller. L’administration communale est gérée à Guebwiller où sont conservées les archives, archives organisées suivant le cadre de classement allemand : l’Aktenplan. Ce cadre de classement thématique est appliqué dans toutes les communes annexées. Les actes d’état civil de ces trois communes sont conservés dans des registres communs ce qui a des incidences aujourd’hui encore pour les démarches administratives. Les demandes de copie d’acte doivent être faites en mairie de Guebwiller.
De septembre 1940 à février 1945 les actes d’état civil sont enregistrés sur des formulaires imprimés allemands.

Copie de l’acte de mariage de Bobbe Louis et de Kleiber Louise Eve, de Buhl. Mariage célébré le 27 décembre 1941.

Après l’étape de germanisation vient la phase de nazification à outrance avec la mise en place des Ortsgruppenleiter (responsables locaux du Parti), des SA, des SS et des jeunesses hitlériennes. Les services de la propagande nazie, visant à endoctriner la population, organisent des manifestations culturelles à la gloire du 3^ème Reich. Ainsi Guebwiller accueille en 1941 et en 1943 des Kreistag, manifestations de masse, véritable outil de propagande nazie.

Extraits du programme des *Kreistag* des 18 et 19 septembre 1943. Le programme est composé de congrès des dirigeants nazis, de concerts, de fêtes sportives et populaires.
© *AMG*

La salle 1860 décorée pour une manifestation nazie. © AMG Aktenplan

Concert place Saint-Léger

En mai 1941, l’Allemagne instaure le Reichsarbeitsdienst (RAD ou service du travail obligatoire) pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre et pour mettre en avant le travail, un des piliers de l’idéologie nazie. 343 jeunes hommes et 87 jeunes femmes sont ainsi soumis au RAD. L’ordonnance du 25 août 1942 instaure le service militaire obligatoire. 547 Guebwillerois sont incorporés de force dans la Wehrmacht.