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L’attente de la délivrance

La nouvelle du débarquement allié en Normandie se diffuse très rapidement à Guebwiller et l’espoir d’être libéré du joug nazi renaît. Bravant les interdits, les Guebwillerois suivent la progression des troupes grâce à Radio Londres. Le débarquement en Provence débute le 15 août 1944. La 7ème armée américaine du général Patch qui comprend les forces françaises de l’armée B commandées par le général de Lattre, remonte la vallée du Rhône puis fait sa jonction avec les corps d’armées du nord, en Bourgogne, le 12 septembre. La bataille d’Alsace commence.

Hitler ordonne à ses unités de défendre l’Alsace coûte que coûte. Les armées alliées progressent au prix de rudes combats. La 1ère armée française pénètre en Alsace le 19 novembre et atteint le Rhin près de Rosenau puis vire vers Mulhouse. Cette dernière est libérée le 21 novembre. Trois jours plus tard, la 2ème DB du général Leclerc entre dans Strasbourg, tenant le serment de Koufra. Guebwiller attend son tour. Mais la défense allemande se ressaisit. La 1ère armée piétine. La poche de Colmar se forme entre la forêt de la Hardt au nord de Mulhouse jusqu’aux Vosges et au sud de Sélestat.

© AMG L’Alsace 05/02/1965

Plan des opérations visant à réduire la poche de Colmar

Les combats pour libérer la poche débutent le 20 janvier et s’achèvent le 9 février 1945. Les pertes humaines sont difficiles à évaluer. Le général de Lattre annonce 1695 morts, 8533 blessés pour un effectif de 280000 hommes. La période de stabilité du 28 novembre 1944 au 20 janvier 1945 fait, quant à elle, 2500 morts et 6000 blessés. D’autres sources estiment que 420000 soldats français et américains ont participé aux événements de novembre 1944 à février 1945, avec près de 8000 morts et 20000 blessés.

Les conditions de l’occupation se durcissent. La population doit creuser des tranchées et élever des barrages antichars pour renforcer les défenses de la ville, notamment au niveau du parc de la Marseillaise. Des Guebwillerois sont envoyés dans le Sundgau, creuser des tranchées. Ils ne rentreront qu’après la Libération. Les réquisitions de bétail et de denrées se multiplient pour approvisionner les troupes en ligne vers la trouée de Belfort. Les vivres se font rares, ils se réduisent à des rations de pain et de viande. C’est la disette. La plupart des commerces sont fermés.

© AMG Aktenplan
Carte d’alimentation réservée à l’achat de lait.
Les cartes de rationnement sont mises en place dès juillet 1940 suivant un système très contrôlé. Le rationnement s’inscrit comme une stratégie de guerre et d’économie et non pas en raison d’un manque de denrées ou de produits manufacturés.
Par contre, à partir de décembre 1944, les Guebwillerois connaissent des difficultés d’approvisionnement.
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Rue des Alliés, maison Winninge
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Rue de la République
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Le Gauleiter Robert Wagner (1895-1946)
Le bourreau de l’Alsace décide de faire de Guebwiller le siège de l’administration civile de l’Alsace non libérée. Le 21 janvier 1945, il tient encore une conférence devant un parterre de soldats, au Luxhof et martèle : l’Alsace restera allemande.
© AMG – Extrait du livre d’or
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Carte d’alimentation réservée à l’achat de pain pour les enfants jusqu’à l’âge de 6 ans.

Le courant et le gaz d’éclairage sont distribués sporadiquement. Les communications ferroviaires sont coupées. La Poste ne fonctionne plus.

Plus de mille réfugiés arrivent à Guebwiller venant des villages du front : Reiningue, Lutterbach, Pfastatt, Bourtzwiller, Illzach et Sausheim.

La ville est régulièrement survolée par des bombardiers alliés chargés de détruire les villes allemandes. Mais le samedi 18 novembre 1944, ils ne se contentent pas de passer. Ce jour à 12h30, une formation de bombardiers alliés de retour de mission sur l’Allemagne, prend le Florival en enfilade et largue une pluie de bombes sur les quartiers de la ville haute. Elles feront 23 victimes et de nombreux blessés.

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Angle rue de la République et rue Gouraud

La ville subit de nombreux mouvements de troupes allemandes. Le 23 novembre, les autorités civiles et les dirigeants du parti nazi quittent la ville à la hâte, pour revenir le 18 décembre 1944. Le Reichsführer SS Heinrich Himmler vient à plusieurs reprises au quartier général de la 19ème armée, établi dans notre ville depuis début octobre. L’état-major quitte la ville dans la nuit du 1er au 2 février. La nuit suivante, la garnison de l’école Freyhof bat également en retraite. Le 3 février, les lignes téléphoniques sont coupées et le pont du chemin de fer récemment réparé est à nouveau détruit. La police et les fonctionnaires allemands ont ordre de se replier.

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Liste des unités allemandes stationnées à Guebwiller entre 1942 et 1945.

Le temps se ligue également contre les armées libératrices. L’hiver 1944-1945 est décrit par le général de Lattre comme sibérien (Histoire de la 1ère armée française). La neige tombe abondamment (jusqu’à 60 cm) et les températures atteignent – 20° occasionnant engelures et matériel militaire inopérant.